8 mai, nous bullons à Hammamet, baignades et visite de la Medina, ceux qui repartent en Ferry démontent leurs ulms et les sanglent sur les remorques. Vincent fait réparer son camping-car qui est tombé en panne sèche suite au remplissage malencontreux du réservoir d'eau en lieu et place du réservoir de gasoil, lors du dernier passage à la pompe par un chauffeur occasionel. C'est ainsi que Vincent envoie sur le Tarmac d'Enfidha international rechercher son ulm avec une dépanneuse portant son camping car :-) aah c'est beau l'Afrique, (essayez un peu à Nice ou Toulouse...).
Les 11 équipages des ulms qui rentrent en vol étudient longuement les tactiques météo envisageables pour le retour. Les Corses et Provençaux prévoient de rentrer comme ils sont venus, par la Sardaigne/Corse. Les Rhonalpins et le lorrain balancent beaucoup et décident de rentrer comme ils sont venus, par la Sicile puis l'Italie. Les Genevois, fidèles à eux-mêmes, décident de rentrer en un jour (Hammamet Bellegarde, étape à Figari) en partant tôt le 9 mai avec leur super Tecnam. Nous les 3 ulms lents, nous choisissons de faire le vol retour par la Corse.
Nous traversons le nord ouest de la Tunisie, le matin du 9 mai, beau soleil et paysage de plaines et collines. Les turbulences sont soutenues et Henry, dont l'aile tire à droite, en chie comme un turc : notre parcours est émaillé par les jurons qu'il égrène à la VHF :-)...
Posés à Tabarka, délicieux aéroport endormi, mais offrant tous les services. La FTSAAA a prévu pour nous ravitaillement en essence, taxi et chouette hotel, bravo. Nous sommes 6 ulms, 7 personnes. Nous nous faisons bien confirmer que la douane sera présente demain à l'aube, car nous comptons partir tôt. La prévision météo du 10 mai est favorable pour la traversée Tunisie Sardaigne en vol. Nous déposons les plans de vol, inquiets qu'ils soient acceptés par les italiens car notre destination est une base ulm, qui n'est pas "douanière" et la procédure officielle pour rentrer dans l'espace Shenghen est de rencontrer des douaniers à l'entrée. Un appel téléphonique du bureau de piste le soir nous confirme que le plan de vol est accepté. Chouette. Un second appel nous demande quel sera notre cheminement sur mer (nous avons mis : direct), et nous concédons de passer par un point officiel...bizarre ce second appel tardif.. ?
Resto, plage, piscine, Tabarka nous parait très cool. L'hotel est très peu rempli, avec des touristes algériens, dont une famille de blonds aux yeux bleus, surprenants...
10 mai : lever à l'aube (pour les ulms lents), la douane est à poste, bravo. Nous nous harnachons, et mettons en route, on va pouvoir décoller à 6H30 ! Mais GRRR, le contrôleur nous indique que la coordination avec les italiens a décelé un problème, qu'on attende...Nous imaginons que le problème vient de la douane à l'arrivée, et nous rageons, car nous avions pris soin de déposer les plans de vol en avance, et ils étaient réputés validés...Nous retournons au bureau de piste et déposons un nouveau plan de vol par téléphone auprès de Rome Fiumici (le même trajet). Nos amis les 3 axes arrivent, après avoir bien dormi. Le problème ne se débloque pas..GRRR..Après 2 H d'agitation, l'on nous dit que le problème vient de notre trajet qui traverse une grande zone de manoeuvres militaires indiquée par Notam...! Aargl nous n'avions pas vu, honte à nous. L'on nous propose de monter à 9000 pieds, bof.. Nous découvrons avec les contrôleurs Tunisiens et Italiens par tél, tous pro et serviables, qu'il y a un créneau d'une heure de désactivation de la zone à 11H UTC, Euréka. Avec un horaire décalé, nous pourrons passer. Nouveau plans de vol, acceptés et clerance pour décoller. En fait c'est nous qui avions merdé, et les controleurs qui étaient dans le juste...Petite émotion sur le Tarmac : une flaque de liquide de refroidissement sous le Quik d'Henry. Damned, une fuite moteur !? Ouf non, c'est son bidon de liquide de refroidissement qui était mal fermé dans sa sacoche et avait fui.. ouf, let's go.
La traversée se passe très bien, les stratus (inattendus) du début disparaissent vite, il fait beau, la visi est bonne, nous avons 20km/h de vent favorable, la radio fonctionne bien. A l'arrivée sur la Sardaigne, nous demandons au contrôle de Cagliari de traverser vertical l'aéroport international, accordé, nous devons juste faire un 360° de retardement pendant qu'un Airbus Easyjet se pose. Juste passés, la contrôleuse nous demande de basculer la fréquence de l'éaroport militaire voisin, juste quand 2 chasseurs passent sous nos moustaches...Etait-ce là le contrôle à l'entrée de Shenghen ?? Maybe. Rapidement après nous posons à Siliqua, base ulm mythique dont je garde d'excellents souvenirs. Leur anémomètre est très faux, ils annoncent 10 noeuds alors qu'il y a bien plus, et nous posons tous comme des bouses...
Giuseppe, le fils du fondateur, qui est instructeur, nous reçoit très bien (comme partout en Italie!), nous évoquons les souvenirs et suggérons que les Italiens participent au prochain tour ulm de Tunisie ; il est très positif ! Fuel (2€ le litre de 98, comme très souvent dans les bases italiennes), collation, repos, nous les 3 ulms lents repartirons après les heures chaudes, Henry souhaite laisser passer les trurbulences de début d'après midi. Les 3 axes partent plus tôt, Jacques pour Porto Vechio et Pierre et Guy pour Ghisonaccia, car le Tayrona de Guy ne pourrait sans doute pas se poser sur la petite piste (250m) de Denis, et cette petite piste est à sens unique, on ne peut pas remettre les gaz (sauf au tout début), et Pierre a recommandé que le Tayrona pose à Ghiso.
Nous partons donc à 17H, et le vent nous pousse vers le nord. Nous longeons une grande zone militaire, et cheminons par des plaines. La Sardaigne est étrangement grise et austère, très différente de la Corse turquoise. Les 3 lents, nous n'avons pas déposé de plan de vol, car nous n'intérférerons avec aucune zone, on ne va pas déranger.
Le passage des bouches de Bonifacio est magique : nous montons pour éviter le vent d'Est fort du venturi des bouches et traversons au dessus d'une couche "scattered", en flirtant avec les nuages.
Nous descendons peu avant Porto Vechio, et nous posons chez Denis, petite piste privée qui donne sur le golfe de Bonifacio. Jacques est déjà là. Denis, sorte de lutin hyper énergétique nous accueille avec un grand sourire et nous taxions à travers champ pour atteindre son tarmac, dans lequel il a, au milieu des chênes, un hangar et 2 pendulaires DTA. Plus tout un monde magique, avec un mirador, un verger, une cabane, des motos... On se croit dans un conte de fées. Pierre arrive en voiture de Ghiso : mince, Guy a abimé à l'atterro le train de son Tayrona et devra très probablement mécaniquer, ou rentrer à Cuers en remorque. La soeur de Guy habitant Bastia, nos chemins se séparent, Guy voulant gérer les opérations sur son ulm depuis le nord. Mais le plus important, bien sûr, c'est qu'il n'y a aucune blessure, que du matériel.
Nous voici posés à Porto Vechio, France (!), sur la délicieuse piste privée de Denis, et Pierre et Laure nous accueillent tous les 4 chez eux pour rester le lendemain en attendant la météo plus favorable (supposément) du 12 mai. Nous sommes hyper heureux !