Article : participation Tour ulm de Tunisie FTSAAA 2017
par Jérôme Prompsy
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Après départ brumeux de Meaux, cela se dégage en vallée de Saône. Nous rallions La Tour du Pin en ayant refuellé à Beaune. Le club ulm de la La Tour du Pin est très actif, avec des enfants invités pour des vols. Henry arrive du massif central avec son pendulaire peu après nous. Jean-Marc, Louis, Pascal sont là, et de nombreux autres, c'est bon de voir les amis. Fuel, café, gateaux, discussions entre 'anciens', les locaux nous recommandent de partir vers l'Italie à la fraîche, nous repartons donc pour le passage en Italie vers 16H. Merci de votre accueil, la Tour du Pin.
Nous passons par la Maurienne et le col du Mont Cenis, direction le campo volo de Busano. Le vent du nord n'est pas négligeable (~15 noeuds), et si les thermiques sont faibles, il y a de beaux courants dynamiques (ex : flux assez musclés faisant tourner le nez de l'autogire de 40 degrés en 0,5 secondes)...Mais heureusement, bien orientés. Par moment notre GPS indiquait une composante de vent favorable de 45 km/h ! Le trajet en sens inverse aurait été très pénible... Le col du Mont Cenis est un lac enneigé, à ~2000 m d'altitude, doté d'un fort Vauban, très romanesque.
L'accueil à Busano est excellent, restaurant et hangar sur place, et Johanna nous mène à l'hotel voisin.
Dimanche 23 avril, nous repartons vers Bologne, à travers la plaine du Pô, brumeuse et placide, et comme d'habitude, très agréable. Nous posons à Spessa Po vers 11H30, toujours très accueillante, et qui a une pompe d'essence sans plomb. Un 3 axes italien manque de peu de percuter Henry en finale, par dessus, heureusement que l'Afis a crié à la radio ! L'on nous conseille de faire étape à l'avio superficie de Marinello, à l'Est de Bologne, nous nous y rendons. Elle est en effet très active ce dimanche, avec essence, parachutistes, nombreux aéronefs et resto de poissons haut de gamme sur le terrain. Chouette.
C'est le dernier endroit où nous pouvons encore choisir entre la route via la Sardaigne et la route via la Sicile. Mais les prévisions météo sont encore peu stabilisées pour J+4, et dans le doute, nous optons pour le passage par la Sicile et non par la Sardaigne (nous n'avions pas décidé de cette grande option a priori, tant le facteur météo nous parait prépondérant).
Le vol du dimanche après midi vers le sud-est est très calme, collineux et nous découvrons la région des Marches, remplie de villages anciens, charmants, de belle architectures, perchés. Et aussi la minuscule République de San Marino, incroyablement accrochée à un piton à pic.
L'avio superficie de Valcesano est petite mais accueillante ; pas de hangar pour les visiteurs, mais pas de voleurs. De l'avio superficie l'on nous mène à l'essence et à l'hôtel routier, ce dimanche 23 au soir (soirée électorale). Nous sommes sereins et joyeux : nous avons très bien avancé, et la météo nous est favorable.
La journée de lundi 24 nous gratifie de beau temps et d'une kyrielle de charmants villages perchés dans les Marches, puis de la mer Adriatique jusqu'à la base étape de Termoli. La base de Termoli étant déserte, nous visitons la vielle ville et déjeunons 'poisson', (en attendant le proprio qui nous apporte de l'essence pour 14H).
Puis l'aprèrs midi, les Pouilles, moins chouette (moins 'Toscan') : plaine sans arbres aux constructions pauvrettes truffée d'éoliennes, avec de plus le vent contraire. L'avio superficie de Falcone, prévenue, nous fuelle, puis Sibari-Fly, dans la "plante du pied", prévenue aussi, et très active, nous accueille pour la nuit. Gérald, Françoise et Jean-Pierre et leurs 2 Tetras nous y attendent, nous passons la soirée ensemble, auprès de Mario, le patron de la base qui semble un notable en vue, ici. La Calabre parait pauvre et son esthétique est un mix entre cheap, Fellinien année 60 et kitch. Etrange, mais j'aime assez.
Le mardi 25 avril, nous passons en Sicile, à 30 km au nord d'Agrigente, jusqu'à la petite base accueillante dénommée "Centro Sicilia". Au passage nous nous essayons (avec succès) au contact radio pour traverser une CTR italienne avec clerance, nous sympathisons et déjeunons avec Davide et ses amis de la base de Calabria, traversons le détroit de Messine, avec son fort venturi, et choisissons au vu du vent de passer par le nord, apeurés par de possibles grosses turbulences à EtnaVolo (dans le détroit), néfastes au pendulaire. Nous rencontrons opportunément Augusto et sa femme sur la base Capo d'Orlando ; Augusto est pilote d'hélico à Catane pour les pompiers, et dirige la base ulm de "Centro Sicilia", dotée d'une maison d'hôtes (hotel) et de Hangars ! Ce sera notre étape pour ce 25 avril au soir, et de plus Augusto dépose pour nous un plan de vol pour Pantelleria le lendemain, par téléphone avec le bureau des vols à Rome Fiumicino.
A H-12, au vu des prévisions météo du lendemain matin, très médiocres, nous nous disons qu'on va tenter la traversée maritime tôt, quitte à rebrousser si besoin.
Le mercredi 26 avril, nous rejoignons Pantelleria tôt le matin, nous parvenons à passer avant que le vent ne forcisse. 1H30 de vol sur l'eau, bien groupés, avec nos équipements, tendus mais calmes. Impossible d'activer notre plan de vol avec Rome info, et Catane Approche refuse de nous l'activer, no problemo, nous allons sans plan de vol activé. Pantelleria est très peu fréquentée et les contrôleurs nous accueillent sans problème. De plus nous nous répandons lamentablement à l'intégration (foison de messages privés, parfaits sur 123,45Mhz mais déplacés sur la fréquence Tour), et nous posons sur 3 pistes différentes (véridique!) ; mais le contrôleur Tour ne nous en tient pas rigueur. En fait ils n'avaient jamais accueilli d'autogire auparavant !
Le bureau des vols est sympa, les douaniers sont sympas et viennent vite (ils se demandent bien eux-mêmpourquoi ils font un contrôle dans notre contexte), et nous trouvons la farce de leur venue ubuesque (mais facturable!)). L'Avgas est à 3€50, et le pompiste fume en nous établissant la facture au cul du camion de jet (diesel). Mais le vent de l'après midi est trop fort (>30 noeuds) pour le pendulaire et nous décidons de dormir sur place. Ile volcanique, déglinguée, désuette, j'aime bien. On se baigne, glaces, apéro, restau, c'est la grande vie pour nous 3. Nous sommes bien contents d'être déjà là, et espérons un vent moins violent demain au petit matin !
Et en effet, le jeudi 27 avril au matin, nous passons de Pantelleria à Hammamet-Enfidha, avant que le vent et la brume ne forcissent. Les taxes à Pantelleria sont de 70€ par ulm (dont coût de douane) et le litre d'Avgas à 3 Euros ! Nous n'avons qu'1H de vol sur l'eau jusqu'à la cote Tunisienne, mais nous nous perdons de vue, et Pascal traverse les 70 km tout seul (mais en liaison radio) : son Ipad a bogué au mauvais moment et la visi sous 4000 feet est bouchée, du coup il a perdu temporairement son cap et nous a perdu de vue.
Une fois au Cap Bon nous suivons la côte vers le sud jusqu'à l'aéroport d'Enfidha (Hammamet international), dont le contrôle nous accueille très bien.
Nous nous posons sur cet aéroport international immense (peut accueillir A380! et millions de passagers) mais désert, rapidement des membres de l'organisation du rallye ulm de Tunisie (menés par Ameur) nous rejoignent et nous prennent en main, super. A midi arrivent de Comiso (Sicile) les 2 Tetras et Louis sur son super Guepy ; la visibilité devenait de plus en plus faible, ils sont contents d'arriver.
Les 6 ulms arrivés en vol par la Sicile sont :(Jean-Pierre (Tetras), Gérald et Françoise (Tetras), Louis (Super Guepy), Pascal (autogire M16), Henry (pendulaire 912 Bionix13) et Jérôme (autogire MTO Sport)). Ameur de l'organisation nous prend en charge dès notre atterrissage, et après avoir fuelé, passé la douane, nous partons en navette pour l'hôtel les Nymphes à Zaghouan. C'est un ancien palais présidentiel à flan de montagne dans lequel Bourguiba passait 3 mois par an, plais assez désuet et charmant à mon goût, repris par un privé il y a quelques années. Nous dormons dans des pavillons style ottomans dans un grand jardin, qui servaient aux ministres lorsqu'ils visitaient Bourguiba, stylé ! Déjeuner, puis nous partons visiter la piste temporaire créée dans un champ de Madame Cinda(?) à Zriba (~5km). Impressionnant : l'organisation a créé piste de 1000 m ! Un peu trop caillouteuse, toutefois. Par un Airbus direct Nantes-Paris, Isabelle a rejoint son Henry et notre troupe grandissante. Nous sommes surpris du grand nombre d'intervenants dans l'organisation, sans trop discerner qui a quel rôle parmi tous ces gentils tunisiens. En petit comité, nous partons visiter la medina avec un pilote de chasse tunisien haut gradé très agréable ; il nous raconte des souvenirs d'exercices de guerre aérienne menés avec l'US Air Force dans le Nevada.
Le 28 avril tous les ulms se rejoignent à Zriba : les 6 passés par la Sicile arrivent de Enfidha, les 4 passés par la Sardaigne arrivent de Tabarka, et les 5 arrivés par Ferry arrivent de la Goulette sur leurs remorques.
Le 28 avril au soir la cérémonie d'ouverture a lieu sur le terrain temporaire de Zriba, avec une ministre qui nous souhaite un bon rallye et un public nombreux avec de chaleureux jeunes.
Le 29 avril nous faisons l'étape Zaghouan-Tozeur, en sautant Kerouan, peu sûre ce jour là. Le vent soutenu plein travers de la piste nous oblige à décaler lé départ, qui est donné à 14H, décollage assez chaud avec le fort vent de travers. Vincent rejoint Tozeur en remorque, inutile de risquer de casser le vénérable pendulaire. Le vol de ~3 heures, agréable, nous fait passer de la campagne au désert, avec posé facultatif à Gafsa. Le thermomètre grimpe !
Le 29 avril au soir, Claude et André nous rejoignent directement à Tozeur, en provenance de Bellegarde avec leur Tecnam P1992, beau comme un avion - chapeau ! Le Tarmac de Tozeur héberge depuis ~30 ans 2 Boeing 747 de Saddam Hussein, réfugiés en attendant des jours meilleurs, qui tardent semble-t-il. Cela nous permet de belles photos et même des visites baroques à l'intérieur des 747.
30 avril, 1er mai, 2 mai, nous restons à Tozeur, alternant vols locaux le matin et activités l'après midi. De nombreux baptêmes permettent des partages sympathiques avec les membres de l'organisation. Tozeur est une grande oasis, il y a de l'eau, des palmeraies, et la présence du chott El Jerid, enigmatique mer morte salée située sous le niveau de la mer. L'hotel est très agréable, et l'on n'est pas dérangé par les rayonnements electromagnétiques (wifi pourri, je veux dire).
Nous avons maintenant passé 6 jours, entre Zaghouan et Tozeur et sommes maintenant rôdés, soudés, et joyeux ! Nous décodons mieux l'organisation et sa volonté de faire bien, de faire que le tour soit une réussite, que nous (les premiers participants) témoignons en bien, et que l'ulm s'implante en Tunisie, pour le bien des générations futures. Nous sommes touchés par cette forte volonté, et les quelques éléments fouillis par rapport au tour français, hyper rodé, ne nous dérangent pas, voire nous amusent. Les participants sont assez expérimentés, et transmettent quelques usages et pratiques qui peuvent surprendre les Tunisiens professionnels de l'aviation "classique", en particulier la soif de liberté et l'interprétation personnalisée des consignes.
3 mai, nous quittons Tozeur pour Douz. Vol au dessus du Chott ElJerid, près de la route car le Chott n'est pas posable (croute qui ne tient pas, on s'enfonce). Le Chott est une étendue nue lisse et blanche, très réfléchissante, il s'agit d'ancien lac salé, situé sous le niveau de la mer. Il fait chaud et beau, nous croisons de nombreuses sources d'eau chaudes, dont l'eau est refroidie dans des grandes fontaines extérieures avant d'aller irriguer les palmeraies.
A Douz, deux pistes temporaires ont été créées par l'organisation dans le dromadorium. C'est juste à coté de chez Luciano Longo (Pegase ULM) qui a une activité de baptêmes ulm depuis 25 ans, dans laquelle travaille le célèbre Jacques Géant. Luciano vient échanger avec Maher, son expérience est de premier plan.
Nous avons maintenant quitté le désert et rejoint la cote. Gabes et Sfax sont des villes industrielles, mais nous nous posons pour une petite baignade ; les pistes temporaires aménagées par l'organisation sont impressionnantes. Pierre-Henry, Louis et Jean-Marc, représentant la FFPLUM sont arrivés en bons amis. ll fait très chaud
6 mai, nous quittons Sfax pour ElJem. Il fait très chaud.
Pendant cette étape, le JRO de Galster a connu une panne moteur, que Jean-François a magistralement gérée en se posant sur une petite route en zigzagant entre les lignes électriques. Sabri son passager a vécu le vrai ulm ! Chapeau Jean-François.
7 mai, nous quittons ElJem pour Enfidha, avec étape à Bekalta, chez un privé qui veut construire un aérodrome privé. Le vent est fort et plein travers et seuls quelques ulms peuvent poser. Réception fastueuse, avec gouverneur et majorettes. La FFPLUM en est (tu m'étonnes, y a un buffet ;-) ). J'ai le plaisir de voler avec Louis.
Enfidha est le dernier atterrissage du tour. Le 8 mai, c'est le repliage et la soirée de cloture. Emotion. Le 9 mai, nous sommes restés à l'hôtel à Hammamet, avec visite de la medina d'Hammamet. Les Ferry et les volants repartent le 10 mai certains vers Tabarka pour viser la Sardaigne/Corse, d'autres par la Sicile, et Claude et André en direct pour Bellegarde !
8 mai, nous bullons à Hammamet, baignades et visite de la Medina, ceux qui repartent en Ferry démontent leurs ulms et les sanglent sur les remorques. Vincent fait réparer son camping-car qui est tombé en panne sèche suite au remplissage malencontreux du réservoir d'eau en lieu et place du réservoir de gasoil, lors du dernier passage à la pompe par un chauffeur occasionel. C'est ainsi que Vincent envoie sur le Tarmac d'Enfidha international rechercher son ulm avec une dépanneuse portant son camping car :-) aah c'est beau l'Afrique, (essayez un peu à Nice ou Toulouse...).
Les 11 équipages des ulms qui rentrent en vol étudient longuement les tactiques météo envisageables pour le retour. Les Corses et Provençaux prévoient de rentrer comme ils sont venus, par la Sardaigne/Corse. Les Rhonalpins et le lorrain balancent beaucoup et décident de rentrer comme ils sont venus, par la Sicile puis l'Italie. Les Genevois, fidèles à eux-mêmes, décident de rentrer en un jour (Hammamet Bellegarde, étape à Figari) en partant tôt le 9 mai avec leur super Tecnam. Nous les 3 ulms lents, nous choisissons de faire le vol retour par la Corse.
Nous traversons le nord ouest de la Tunisie, le matin du 9 mai, beau soleil et paysage de plaines et collines. Les turbulences sont soutenues et Henry, dont l'aile tire à droite, en chie comme un turc : notre parcours est émaillé par les jurons qu'il égrène à la VHF :-)...
Posés à Tabarka, délicieux aéroport endormi, mais offrant tous les services. La FTSAAA a prévu pour nous ravitaillement en essence, taxi et chouette hotel, bravo. Nous sommes 6 ulms, 7 personnes. Nous nous faisons bien confirmer que la douane sera présente demain à l'aube, car nous comptons partir tôt. La prévision météo du 10 mai est favorable pour la traversée Tunisie Sardaigne en vol. Nous déposons les plans de vol, inquiets qu'ils soient acceptés par les italiens car notre destination est une base ulm, qui n'est pas "douanière" et la procédure officielle pour rentrer dans l'espace Shenghen est de rencontrer des douaniers à l'entrée. Un appel téléphonique du bureau de piste le soir nous confirme que le plan de vol est accepté. Chouette. Un second appel nous demande quel sera notre cheminement sur mer (nous avons mis : direct), et nous concédons de passer par un point officiel...bizarre ce second appel tardif.. ?
Resto, plage, piscine, Tabarka nous parait très cool. L'hotel est très peu rempli, avec des touristes algériens, dont une famille de blonds aux yeux bleus, surprenants...
10 mai : lever à l'aube (pour les ulms lents), la douane est à poste, bravo. Nous nous harnachons, et mettons en route, on va pouvoir décoller à 6H30 ! Mais GRRR, le contrôleur nous indique que la coordination avec les italiens a décelé un problème, qu'on attende...Nous imaginons que le problème vient de la douane à l'arrivée, et nous rageons, car nous avions pris soin de déposer les plans de vol en avance, et ils étaient réputés validés...Nous retournons au bureau de piste et déposons un nouveau plan de vol par téléphone auprès de Rome Fiumici (le même trajet). Nos amis les 3 axes arrivent, après avoir bien dormi. Le problème ne se débloque pas..GRRR..Après 2 H d'agitation, l'on nous dit que le problème vient de notre trajet qui traverse une grande zone de manoeuvres militaires indiquée par Notam...! Aargl nous n'avions pas vu, honte à nous. L'on nous propose de monter à 9000 pieds, bof.. Nous découvrons avec les contrôleurs Tunisiens et Italiens par tél, tous pro et serviables, qu'il y a un créneau d'une heure de désactivation de la zone à 11H UTC, Euréka. Avec un horaire décalé, nous pourrons passer. Nouveau plans de vol, acceptés et clerance pour décoller. En fait c'est nous qui avions merdé, et les controleurs qui étaient dans le juste...Petite émotion sur le Tarmac : une flaque de liquide de refroidissement sous le Quik d'Henry. Damned, une fuite moteur !? Ouf non, c'est son bidon de liquide de refroidissement qui était mal fermé dans sa sacoche et avait fui.. ouf, let's go.
La traversée se passe très bien, les stratus (inattendus) du début disparaissent vite, il fait beau, la visi est bonne, nous avons 20km/h de vent favorable, la radio fonctionne bien. A l'arrivée sur la Sardaigne, nous demandons au contrôle de Cagliari de traverser vertical l'aéroport international, accordé, nous devons juste faire un 360° de retardement pendant qu'un Airbus Easyjet se pose. Juste passés, la contrôleuse nous demande de basculer la fréquence de l'éaroport militaire voisin, juste quand 2 chasseurs passent sous nos moustaches...Etait-ce là le contrôle à l'entrée de Shenghen ?? Maybe. Rapidement après nous posons à Siliqua, base ulm mythique dont je garde d'excellents souvenirs. Leur anémomètre est très faux, ils annoncent 10 noeuds alors qu'il y a bien plus, et nous posons tous comme des bouses...
Giuseppe, le fils du fondateur, qui est instructeur, nous reçoit très bien (comme partout en Italie!), nous évoquons les souvenirs et suggérons que les Italiens participent au prochain tour ulm de Tunisie ; il est très positif ! Fuel (2€ le litre de 98, comme très souvent dans les bases italiennes), collation, repos, nous les 3 ulms lents repartirons après les heures chaudes, Henry souhaite laisser passer les trurbulences de début d'après midi. Les 3 axes partent plus tôt, Jacques pour Porto Vechio et Pierre et Guy pour Ghisonaccia, car le Tayrona de Guy ne pourrait sans doute pas se poser sur la petite piste (250m) de Denis, et cette petite piste est à sens unique, on ne peut pas remettre les gaz (sauf au tout début), et Pierre a recommandé que le Tayrona pose à Ghiso.
Nous partons donc à 17H, et le vent nous pousse vers le nord. Nous longeons une grande zone militaire, et cheminons par des plaines. La Sardaigne est étrangement grise et austère, très différente de la Corse turquoise. Les 3 lents, nous n'avons pas déposé de plan de vol, car nous n'intérférerons avec aucune zone, on ne va pas déranger.
Le passage des bouches de Bonifacio est magique : nous montons pour éviter le vent d'Est fort du venturi des bouches et traversons au dessus d'une couche "scattered", en flirtant avec les nuages.
Nous descendons peu avant Porto Vechio, et nous posons chez Denis, petite piste privée qui donne sur le golfe de Bonifacio. Jacques est déjà là. Denis, sorte de lutin hyper énergétique nous accueille avec un grand sourire et nous taxions à travers champ pour atteindre son tarmac, dans lequel il a, au milieu des chênes, un hangar et 2 pendulaires DTA. Plus tout un monde magique, avec un mirador, un verger, une cabane, des motos... On se croit dans un conte de fées. Pierre arrive en voiture de Ghiso : mince, Guy a abimé à l'atterro le train de son Tayrona et devra très probablement mécaniquer, ou rentrer à Cuers en remorque. La soeur de Guy habitant Bastia, nos chemins se séparent, Guy voulant gérer les opérations sur son ulm depuis le nord. Mais le plus important, bien sûr, c'est qu'il n'y a aucune blessure, que du matériel.
Nous voici posés à Porto Vechio, France (!), sur la délicieuse piste privée de Denis, et Pierre et Laure nous accueillent tous les 4 chez eux pour rester le lendemain en attendant la météo plus favorable (supposément) du 12 mai. Nous sommes hyper heureux de cette belle remontée.
11 mai : nous restons à Porto-Vechio, car la météo sur Porto Vechio est naze, car Henry est malade et crevé (infection au genou), et parcequ'on est si bien chez Laure et Pierre, à San Ciprian, dans le nid d'aigle. Nous dinons même avec le cher Alain Quilici, je suis bien content de le voir, plein d'enfants, de maison et de travail, ah le temps manque à certaines périodes de la vie !
12 mai : nous avons passé des heures à scanner les prévisions météo pour la traversée Porto-Vecchio / Var. Le vent annoncé est neutre, la nébulosité sur Corse chargée mais on doit pouvoir passer, mais Damned, la prévision de l'aube de ce 12 mai annonce un ciel bâché jusqu'au sol sur la côte varoise, avec des nuages qui débutent à 80 km au large de la côte. GRRRR. Nous analysons que la prévision prévoit du broken ou scattered à l'intérieur des terres varoises, donc notre tactique est de poursuivre on top vers Fayence si l'on ne peut pas voir le sol à Sainte-Maxime (notre cible). Jacques peut partir directement vers le Var, mais nous les 3 ulms lents, nous choisissons par précaution de refueller à Ajaccio. Nous appelons la tour d'Ajaccio qui nous renvoie sur une personne en charge de l'aviation générale, qui nous accepte. Il nous fait par 2 fois la grosse voix pour se jouer de nous, genre "je suis obligé de vous facturer 32 Euros de taxe d'atterrissage par ulm",puis une fois posés : "j'appelle la gendarmerie, vous êtes garés un mètre trop loin", mais en réalité il est très accueillant.
Le sud Corse est nuageux, nous devons nous dérouter par le sud, et zigzaguer entre nuages, rejoindre la cote ouest vers Propriano puis cheminer vers le nord.
La traversée débute bien : bonne visi, vent neutre, athmosphère très calme. La Corse gris-bleue entourée de nuages épars parait belle comme un vaisseau de la guerre des étoiles.
Peu avant Merlu, nous basculons d'Ajaccio App à Nice info.
Au niveau de Saint Tropez, nous discernons une trouée, pas franche mais bien réelle. Nous explorons et apercevons un bateau (YES!) et la cote proche du golfe. Nous prévenons Nice info et plongeons.
Je consulte mon excellentissime Lanasoft (logiciel de navigation), qui m'indique une petite piste ulm à Cogolin, 8 km, au fond du golfe, cela semble jouable, nous nous regroupons et cheminons sous les nuages bas. En route nous survolons une plateforme d'hélicos privée, dotée d'un tarmac genre 180 m, on pourrait se poser là ! Mais la visi nous laisse passer jusqu'à Cogolin et Pfff ouf, nous nous posons tous trois. ouf !
Nous appelons à Nice afin de cloturer le plan de vol.
En fait nous aurions pu atteindre facilement Fayence, qui était dégagé, et terminer notre traversée vol tranquillement...
Posés au milieu de rien, la ville de Cogolin est à quelques kms, mais nous sommes dans un dédale de chemins embrouillés...Pascal et Jérôme nous partons avec la mission de rapporter de l'essence et des sandwichs. Nous errons dans le labyrinthe des chemins, jusqu'à ce qu'un agriculteur ne nous prenne en stop et nous dépose à l'orée de la ville. Balade dans Cogolin, qui nous parait très prolétaire...rien à voir avec St Trop ! Nous refaisons du stop avec nos 120 litres d'essence et les sandwiches et un jeune homme nous ramène au terrain, merci ! Nous attendons 4 heures que la visi locale se dégage, la prévision météo indiquant que le temps est correct dans les terres.
Nous re-décollons et sortons du pot au noir local, et chic, le temps est très bon dans les terres. Direction Montelimar, où nous escomptons que les ulmistes locaux actifs nous accueilleront pour la nuit. Le vol en Provence est parfait, très clair et beau.
Nous arrivons à Montélimar juste avant l'orage, ouf, parfait. Planet Gyro est déjà fermé, mais Hélitec nous accueille gentiment, et Pascal, organise par téléphone l'ouverture du Hangar Planet Gyro pour nous (merci!).
Soirée un peu mélancolique à l'hotel Ibis, car demain c'est la fin de l'aventure..Jacques appelle pour relater sa propre tribulation on top. Il est bien rentré à Salon et se met déjà au boulot...
La météo est encore compliquée pour ce 13 mai...Nous partons vers 11H, le temps que les stratus se dissipent. Il y a une belle activité chez Planet Gyro et nous échangeons avec plaisir avec Dominique et Pascal en attendant le départ.
La remontée est grise et menaçante, l'on sent le front pluvieux sur la Saone...Arrivés vers Macon, sous l'impulsion inspirée d'Henry, nous décidons de plonger dans le front, pour atteindre Montceaux les mines dans ~30 minutes. La douche n'est pas monstrueuse, l'on garde de la visibilité, et nous pouvons atteindre Montceaux.
Montceaux nous accueille très bien, repas au club house, hangar et refuelling UL91. Un instructeur avion nous chicane un peu, mais chacun nous rassure : il est juste bougon. Les SMS s'égrènent, annonçant les arrivées à bon port de l'équipe "Sicilienne" : Yerres, Beaune..nous forwardons à Lazhar.
Bien revigorés, nous reprenons la route, Henry vers Nantes, Pascal et moi vers Meaux. Le gros du front est passé d'ouest en est durant notre déjeuner et nous pourrons cheminer sans encombre à travers la Bourgogne. Pour Henry, c'est plus compliqué, mais le renard du désert a plus d'un tour dans son sac : il parviendra à destination !
La boucle est bouclée ! Nous sommes hyper heureux ! ~60 heures de vol très variées, Alpes Italie Sicile Traversée Campagne Désert Traversée Sardaigne Corse Traversée Paris ! Avons cheminé à 3 personnes puis à 7 puis à 50, puis 7 puis 3 ; avons connu des motels de nationale et des 4 étoiles, les ulms ont très bien marché, nous avons fait de belles rencontres et solidifié des amitiés, nous avons bien rigolé, la vache du tour s'est très bien passée (bravo JF), et nous avons eu l'espoir de contribuer au lancement de l'ulm en Tunisie, ce cher pays ami, qui vacille et peine à foncer sur la voie de la démocratie sociale libérale laïque..Allez la Tunisie : lancez-vous dans l'ulm, cette merveilleuse école de liberté et de responsabilité !
Henry mon maître du vol nous a encore appris plein de trucs. Et a réalisé tout ce périple en pendulaire : chapeau l'artiste !